Né le 4 Juillet 1944 aux Arcs en Provence ( Var ).
Etudes : musique et lettres classiques.
De 1972 à 1984, séjour au Maroc. Musicologie.
Rédacteur en chef de la Revue Automobile Africaine, critique, enseignant.
1979 : entreprend la traduction de l'oeuvre d'Odysseus Elytis en collabo-
ration avec R. Longueville.
Publie la traduction de " Marie des Brumes ", en 1982. Et un court recueil
dans Poésie.
"L'Argyronef ".1983 : " Le Sans-Père à Plume ".
Retour à Paris en 1984.
Enseignant et conseiller artistique aux Editions Paul Beuscher jusqu'en
1986.
Collabore au département étranger des Editions Gallimard pour la littéra-
ture grecque.
Publie dans diverses revues.
1987 : publication de " La Pierre Amour "( Gallimard ) et Axion Esti
( traduction d'Elytis, Edit.Gallimard ), ainsi que le recueil " Ma Venise "
( Edit.Eyras, Madrid ), avec reproductions de peintures de Manuel Tara-
zona.
1988 : parution du " Masque d'or " ainsi que d'un livre d'art: " La Cham-
bre aux Oiseaux ", avec des gouaches de Jean-Claude Michel..
1992 : " Que Salubre est le Vent ", poèmes, avec des encres de Aïlenn
Lannoy; puis " Le Grand Cirque "Argos " (Clapas )
1995 : "Vie Intime du Cloporte" et " Vers la Sixième Terre " ( Clapas ).
***
Pékin en hiver - la poussière sur le bois jaune du Temple du Ciel, phénix et dragons,
de salle en salle : touristes dont l'exclamation docile débusque la blancheur du silence ; pin-
ceaux brusques des pins enlevés sur l'azur ainsi que les rouges cornes des toits surprenants!
( Et les cerfs-volants diversifiés, loin dans la plaine...) Pour guide : une chinoise au fort ac-
cent , pommettes grosses, oeil plissé, chignon d'encre. En hiver Pékin, dispensée à mes
pieds imaginatifs - et l'escalier du Temple à l'infini sur le vert idéogrammé d'une boîte de thé :
ici, - dans la tiédeur de ma cuisine .
°°°°°°°°°°°°
Assis sur un rocher cabossé de quelque plage atlantique, observant les flaques
saumâtres dans les trous, j'ai souvent vu ces crabes qui de côté glissent dans l'eau
comme dans l'air les feuilles mortes, de - ci, de-là, et hop ! au fourreau d'une imp-
révisible cavité s'enfilent : j'ai songé que volontiers j'aurais sacrifié quelques pieds
pour vivre comme eux dans l'eau tiède,avec une grosse pince pour tout saisir ou
m'enfouir, mieux que l'autruche dans le sable, entièrement, à la plus secrète alerte:
hélas, l'eau ne m'est qu'un miroir étranger, qu'un idéal dont les couleurs sur les ga-
lets ternissent au soleil.
Murmures soumis à l'érosion, semblables à des constructions d'argile sans valeur :
visages nus, à demi fondus et busqués d'une ombre imprévue qui accuse le temps, vieux
portraits craquelés, moisis : celui-ci était d'une servante presque oubliée, celui-là d'un
paysan qui enseigna la terre à l'enfant que tu fus, le printemps des vaches, des chevaux,
les plantes et les fruits,les nuages sur la montagne, leurs promesses de rosée pour la lu-
zerne nocturne; cet autre encore t'apprit, plus ou moins bien, l'amour et la solitude ;
parfois le silence, sur la nappe rouge à carreaux blancs : en tranches denses, tel du pain
bis près de ce verre
illuminé d'or vieil par la lucarne du vin pur
°°°°°°°°°°°°°°
Dans la fenêtre, l'arbre en secouant un pan de ciel s'indigne : il ne peut marcher dans la
neige, lui ! Ciel glacé, soleil froid,indifférent au sémaphore des branches ; ton regard plonge
vers les vallées bientôt violettes, l'aumône sonore, lointaine pourtant des petites églises, les
cris d'enfants - au sortir de l'école pareils à un essaim de frelons ; pour toi les jeux sont finis,
tu sais depuis des années " gérer - comme on dit - ta relation aux autres " ! Tu crois que tu
sais.Tu crois que ton expérience est comme ces crêtes plus pâles, et ainsi de suite à l'infini...
Jusqu'à se confondre avec l'éblouissement du soleil par là ( et, par ici, avec l'ambiante
nuit ).
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Lorsque les autres font deux pas, j'en fais deux mille : qu'y puis-je si la nature
m'a doté de telle profusion de pieds que la moindre ballade en un instant m'épuise
et que, sauf hasard ou nécessité d'ordre philosophique, une forte tendance à demeu-
rer au trou s'est installée chez moi, chaque jour grandissant, au point qu'aujourd'hui
la planète me paraît un goulag abominable et que rien ne m'y fait rêver, hormis les
siècles écoulés et, de moins en moins vraisemblables, les promesses de minuit des
constellations et de la lune qui, comme du sommet d'un arbre de Noël, en clignant
nous incite à faire la navette .
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Lointaines vallées d'enfance et collines boisées où nous courions - sans
le savoir heureux ! Le soleil du sous-bois rebrodait les fougères et des ramiers bruyants
s'envolaient sous nos yeux.
Nous buvions dans la source à même le reflet. L'eau était un oeil clair
sous les longs cils des prêles . L'odeur fraîche du vent parcourait les feuillées, tandis
que je tressais des herbes à ton poignet frêle.
Je croyais t'enchaîner avec ces liens fragiles, ou plutôt je croyais enchaî-
ner notre sort pour des années, peut-être cent ou mille.
Car j'ignorais le temps alors : c'était un vague frisson bleu pâle sur les
pentes adoucies du soir. Séparation ou mort avec lui n'avaient rien à voir .
Poèmes extraits de " VIE INTIME DU CLOPORTE " et reproduits avec
l'aimable autorisation des Ed.Ass.Clapas
Tuesday, October 2, 2007
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